Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/86

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Nous avons vu plus haut la prudence de Durand de Maillane, député de la droite. Robespierre lui avait fait dire : « La sûreté est à gauche. » Durand, qui est dans ses Mémoires plus Girondin que la Gironde (jusqu’à louer le blasphème d’Isnard contre Paris), Durand n’en suivit pas moins le conseil de Robespierre ; il siégea à droite, mais vota à gauche. On l’a vu, dans la question de l’instruction publique, où se séparant bravement des impies (fort en danger), il parla avec force contre la philosophie, fit profession d’être un bon Jacobin.

Dans la discussion de la constitution (dont nous parlerons plus tard), les prêtres conventionnels saisirent une occasion nouvelle de haïr les Girondins, pour pouvoir les abandonner. La Convention décidant (du reste à tort, selon nous), d’un avis presque unanime, que la Déclaration des droits commencerait par attester le nom de l’Être suprême, les prêtres s’en prirent à la Gironde, qui ne fut pourtant que l’organe de l’opinion commune. Durand rattache à ceci une parole dite par Vergniaud dans une autre occasion : « La raison seule nous suffit… Nous n’avons nul besoin de fraude, ni de la nymphe de Numa, ni du pigeon de Mahomet… « Ce pigeon les mit en fureur : « Je vis bien, dit Durand de Maillane, que le parti girondin était plus impie même que le parti de Robespierre. » Il le vit et put sans scrupule pourvoir à sa sûreté, en laissant périr les impies.

Il avoue, dans tous ses Mémoires, qu’il n’a jamais rien voulu ni cherché que sa sûreté. Jamais on n’a