Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/87

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raconté, professé, glorifié à ce point la lâcheté. Il a dit un mot sublime, en ce genre, la veille du 9 thermidor, quand les Montagnards ennemis de Robespierre vinrent demander à ceux de la droite : « Serez-vous pour nous ? — Oui, si vous êtes les plus forts. »

Les plus purs, les plus loyaux, Grégoire par exemple, étaient-ils entièrement étrangers à ces malveillances de prêtres contre les Girondins ? J’ai peine à le croire. Grégoire garde dans ses Mémoires un profond silence sur eux.

Le secrétaire du 2 juin, le rédacteur du honteux procès-verbal et qui le laissa falsifier, fut Durand de Maillane ; il le dit lui-même.

Les Girondins, en vérité, auraient pu prévoir tout ceci. La situation voulait qu’ils se retirassent. La lassitude de la Convention le voulait aussi. La haine politique, la malveillance religieuse, devaient concourir également à ce qu’ils n’eussent plus d’appui en personne. C’était par un faible fil qu’ils tenaient à l’Assemblée.

Qui donc les empêcha d’accomplir leur sacrifice, de se retirer ? Est-ce le désintéressement, la magnanimité, qui leur manquèrent ? Non ; on le vit au 20 avril, quand ils souscrivirent par leur silence au généreux abandon que faisait Vergniaud de leur dernier moyen de salut.

Qui les fit rester ? — Le péril.

Leur danger les exalta, et tant ferme que fût leur cœur, leur tête en gagna cette ivresse qu’éprouvent