Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/93

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faisait sauter la tête à un député, nous n’oserions plus parler ! Il faut le dire hautement, il y a deux partis ici, et tous les deux ont des torts. »

Barère, enhardi par Cambon, reprit avec beaucoup de force : « Vous ne fonderez jamais la liberté qu’avec des représentants qui émettent librement leurs opinions… Quelle nation pourrait être assez avilie pour recevoir une constitution dictée par la force ?… Vous ne pouvez poursuivre les députés dénoncés pour leurs opinions ; vous ne le pouvez que pour des faits. Le Comité de salut public ne fera aucun rapport, si les dénonciateurs ne donnent la preuve des faits qu’ils allèguent. »

L’Assemblée soutiendrait-elle son Comité de salut public dans cette défense de la Gironde ? Il y avait lieu d’en douter. Plusieurs semblaient impatients d’être quittes des Girondins ; ils disaient : « S’ils étaient honnêtes, ils se retireraient d’eux-mêmes. » On vota néanmoins que la Commune et tous ceux qui auraient des pièces contre les membres dénoncés étaient tenus de se présenter, et que, sous trois jours, le Comité de salut public ferait son rapport sur la pétition et proposerait des mesures.

Ce long délai, cette nécessité de donner des preuves de faits, qu’imposait la Convention, disaient assez à la Commune qu’elle n’aurait rien que par la force. Les deux partis insurrectionnels qui siégeaient à la Commune, les Jacobins et l’Évêché, furent obligés d’agir d’ensemble. Les Jacobins