Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/94

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auraient voulu reculer qu’ils ne l’auraient pu. L’Évêché prêchait contre eux dans les sections et n’était pas loin de les dénoncer comme traîtres. Gusman l’avait déjà fait, le soir du 31 mai, à la section des Piques. Il s’emporta jusqu’à dire : « Jamais on ne s’est joué plus indécemment de la majesté du peuple… Ceux qui l’ont poussé à l’insurrection s’entendent avec ses ennemis. La Commune, recréée par la générosité du Peuple, a déjà l’ingratitude d’oublier son créateur. Je propose de déclarer que le comité révolutionnaire est indigne de la confiance de la section des Piques. »

L’Évêché alla plus loin, et, dans le jour même, Varlet, au conseil général, accusa la modération de son collègue Dobsent. En laissant subsister une autorité légale, celle du maire, on avait entravé, disait-il, les opérations de l’autorité révolutionnaire. A plus forte raison accusait-il la mollesse et l’indécision de l’insurrection jacobine.

L’Évêché poussant ainsi et stimulant les Jacobins, il fut décidé d’un commun accord que dans la nuit (du 1er au 2), les officiers municipaux, à la lumière des flambeaux, escortés de la force armée, iraient par toute la ville proclamer les décrets du 31 mai et « inviteraient les citoyens à reconquérir leurs droits, à les garder par les armes ».

Cette proclamation bruyante au bruit des tambours, ne fut nullement agréable aux habitants de Paris. Plusieurs, qui se levèrent au bruit et qui virent que les envoyés ne portaient pas leurs