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l’homme, posant comme vertu parfaite la résignation au servage, c’est-à-dire l’acceptation de l’état de brute (pour l’homme l’éternité du fouet, pour la femme celle du viol, le servage n’est pas autre chose), — voilà l’œuvre longue et terrible que la Révolution était appelée à effacer en un jour.

Il lui fallait improviser un remède assez puissant pour guérir du premier coup ce chancre envieilli pendant tant de siècles.

Beaucoup avaient le sentiment triste, amer, qu’on ne guérit pas de telles choses.

Plusieurs se jetaient dans l’idée d’une épuration terrible, universelle, absolue.

Là une difficulté restait. Cette épuration pouvait-elle être individuelle ? En frappant tel individu et tel autre encore, était-on sûr d’épurer ? Le mal se trouvant en tous, ne fallait-il pas épurer en chaque individu même ? Pas un, non, pas un n’était pur. Tous avaient en eux de quoi condamner, trier et proscrire. Robespierre crut que, Danton mort, tout était fini. Erreur. En lui-même, il restait matière à proscription. Il y eut un prêtre en Robespierre, comme un tyran dans Saint-Just. Dans son âme ardente et malade, combattu de plusieurs âmes, il devait, du Robespierre pur, proscrire le Robespierre impur, tuer la haine en lui, la vengeance, guillotiner l’hypocrisie.

La plupart, sans se bien expliquer ceci, n’en ressentaient pas moins confusément, instinctivement, l’inutilité de ce qui se faisait. La Terreur généra-