Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/373

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comme on le disait ? Cela est probable. La loi prononçait la mort contre ceux qui « oseraient ouvrir les prisons ». Mais cela s’entendait-il du prisonnier qui voudrait fuir ? On leur appliqua cette loi. Pour orner la liste sans doute, on y ajouta quelques noms connus, un bâtard de Sillery et le représentant Osselin.

Ce malheureux Osselin, qui avait marqué dans les premiers jours de la Convention, était certes bien éloigné d’être un contre-révolutionnaire. On se rappelle sa faute. Il voulut sauver une jeune femme, la cacha. Faute grave, il est vrai ; il était à ce moment membre du Comité de sûreté, et plus que personne sans doute tenu de respecter les lois. Cette femme, Mme Charry, cachée par lui chez un parent, dans une maison isolée des bois de Versailles, fut surprise, emprisonnée, jugée et guillotinée. Osselin, ainsi frappé au cœur, le fut d’une autre manière, et plus que de mort, flétri d’une condamnation à dix ans de fers. Hélas ! si l’on eût flétri tous ceux qui sauvèrent des hommes, qui ne l’eût été ? Robespierre, nous l’avons vu, sauva un fermier-général, force prêtres, par Lebas. Fouquier sauva nombre de personnes. Couthon, qui avait alors la direction du fatal bureau de police, Dumas même, le président du tribunal révolutionnaire, s’ils n’osaient sauver des hommes, ils conseillaient à ceux qui venaient solliciter de faire oublier leurs amis ; cela dépendait d’un commis ; le dossier de ces prisonniers qui arrivait à son tour,