Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/374

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on le mettait sous les autres. Ajourner, c’était sauver[1].

Le nom d’Osselin réveillait une plaie vive, tout le groupe des dantonistes, ses amis, ensemble égorgés. Sous les visages immobiles, et sous les yeux secs, coulaient au plus profond des cœurs des larmes de sang…

« Ah ! Camille !… ah ! Phelippeaux !… ah ! pauvre Bazire ! Pauvre Bazire, qu’as-tu fait ? »

Si le monde les pleure encore, qu’était-ce donc en ce moment, près de la mort de Danton, quand ces places énormes étaient vides, quand les bancs déserts, la salle, les voûtes muettes, paraissaient frappés de deuil !

Osselin, abîmé de douleur, de honte et de désespoir, ne sortait point de sa chambre, ne voyait nul prisonnier. Il n’était pas facile de dire qu’il conspirait avec eux. Il n’en fut pas moins mis sur la liste de mort, et par une main inconnue. Celle d’Herman ou du Comité ?

Cette dernière supposition me paraît la plus vraisemblable. Le Comité de sûreté, en donnant cet ornement à la liste robespierriste, la rendait cruellement odieuse à la Convention, lui montrait que

  1. M. Terrasse, mort chef de la section judiciaire aux Archives, et quelques autres personnes sollicitèrent Dumas et Fouquier-Tinville pour le grand-père de M. Bastide, pour le directeur d’Alfort et un troisième détenu. Ils répondirent : « Ne demandez pas qu’on les juge ; faites-les oublier, s’il se peut. » Couthon alla plus loin ; il leur dit : « Si vous connaissez un employé, faites brûler les pièces. » Ce dernier fait m’a été garanti par M. Carteron, ex-employé aux Archives et aujourd’hui envoyé de France à Hambourg.