Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/439

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Elle n’avait que faire d’agir. Robespierre, après l’avoir délivrée de la Montagne, devait se fondre lui-même et tarir comme parti.

Renvoyés la seconde fois avec une froideur ironique, les thermidoriens, frémissant d’une rage désespérée de vivre, vinrent prier encore ; et, cette fois, ils trouvèrent des mots pour tenter leurs ennemis : « Vous êtes la majorité… Qui gouvernera, si ce n’est vous après Robespierre ? »

Il faut dire pourtant que les thermidoriens eux-mêmes (excepté Rovère, Tallien, quelques-uns des plus scélérats) ne soupçonnaient nullement que ces hommes de la droite fussent en grand nombre des royalistes cachés. Ils ne savaient pas la transformation qui s’était faite, dans cette longue hypocrisie, chez des hommes habituellement avilis et provoqués. Le cœur ainsi comprimé s’était rejeté d’un présent si douloureux au passé, à la monarchie, à la haine de la République. De ceux qui s’adressèrent à eux et qui avec eux poussèrent dans la réaction, comme Legendre, Fréron même, la plupart étaient républicains (on le vit plus tard en 1795) et ils croyaient républicains ces gens de la droite. Ils leur demandaient secours, comme ils l’auraient fait à Vergniaud ; s’ils avaient quelque scrupule, c’était de s’associer à ce qu’ils croyaient la Gironde.

La droite finit par comprendre que, si elle aidait la Montagne à ruiner ce qui, dans la Montagne, était la pierre de l’angle, l’édifice croulerait. Chez une nation si peu changée, si anciennement idolâtre,