Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/75

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À Dieu ne plaise que j’imite cet oubli, que je manque si cruellement à la mémoire de nos pères, que j’abandonne là nos armées républicaines, que je ne donne à nos braves ma pauvre et faible expiation, de dire au moins comment ces hommes, invincibles aux grandes armées d’Allemagne, périrent dans les boues de l’Ouest, moins sous le feu des brigands que par l’ineptie de leurs chefs !

Si j’ai ajourné ce récit, c’est que j’ai voulu attendre que les événements eussent atteint leur maturité, que tout l’apostume eût crevé, et que cette histoire locale, éclatant dans un jour d’horreur aux yeux de la France, apparût en rapport étroit avec l’histoire même du centre, dont on la croyait séparée.

Les succès inattendus des Vendéens fugitifs, leur déroute qui suivit, la tragédie de Carrier, tout cela va fournir les plus terribles éléments à la tragédie centrale. Carrier, devenu légende, conté par toute la France comme une histoire de revenants, est immédiatement saisi comme une prise admirable, pour exterminer les partis.


Il faut d’abord établir que tous, Vendéens, Anglais et républicains, firent ce qu’il fallait pour échouer ; les Vendons par ineptie, les Anglais par timidité et le Comité de salut public par la dépendance où le tenaient les hébertistes (en octobre 1793).

Les Vendéens, on l’a vu, à la mort de Cathe-