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lineau, eux-mêmes énervèrent la Vendée en supprimant les élections de paroisses, désorganisant la guerre populaire qui se faisait d’abord par tribus et par familles, en étouffant la croisade dans un petit gouvernement de ci-devants et d’abbés. Pour comble ils irritèrent Charette et lui fournirent des prétextes de ne point aider au passage de la Loire (Mémoires manuscrits de Mercier du Rocher). Puisaye offrait de les mettre en Bretagne, et ils se moquèrent de lui.

Le gouvernement anglais montra une étrange inhabileté, bien en contraste avec l’idée qu’on se faisait à Paris du diabolique génie de Pitt. Il ne sut pas même profiter des étonnantes circonstances que la fortune semblait arranger exprès pour lui. La Vendée eût été trop heureuse de recevoir leur direction en cette dernière extrémité. Ils passèrent le temps à se demander si cette bande avait des chefs respectables, et autres questions anglaises. Ce n’est pas tout, ils chicanèrent, exigeant toujours un port et voulant savoir au juste ce qu’ils gagneraient à sauver, ces infortunés.

Enfin, pour achever les fautes de tous, le Comité de salut public, après avoir décidé sagement qu’il n’y aurait plus qu’une direction et un général, donna cette grande position à l’homme le plus capable de tout perdre en une fois, à l’inepte Léchelle d’abord, puis, quand il eut essuyé une sanglante défaite, à l’automate Rossignol, déjà parfaitement connu, méprisé, maudit de l’armée,