Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

éreintèe deux fois par lui. Et c’est au moment où les Montagnards de Nantes’écrivaient que ce Rossignol infailliblement allait être guillotiné, c’est alors, dis-je, " qu’on le fit général en chef de’toutes les armées de l’Ouest, qu’immédiatement il fit battre en ouvrant toute là Bretagne. Le remède de cet idiot, c’eût été de brûler Rennes ! et de faire venir un chimiste, surtout le citoyen Fourcroy, — pour analyser l’ennemi ! (11 et 25 novembre).

« Rossignol, lui disait Prieur (de la Marne), tu perdrais encore vingt batailles que tu n’en serais pas moins l’enfant chéri de la Révolution et le fils aîné du Comité de salut public. »

Je ne connais rien de plus tragique, dans toute l’histoire de la Révolution, que ce qui advint à Kléber, à sa pauvre armée mayençaise, quand cet imbécile de Léchelle leur eut fait subir leur première défaite. « Je voulus parler aux soldats, dit Kléber dans ses Notes, je voulais leur faire des reproches… Mais quand je me vis au milieu de ces braves gens, qui jusque-là n’avaient eu que des victoires, quand je les vis se presser autour de moi, dévorés de douleur et de honte… les sanglots étouffèrent ma voix, je ne pus proférer un seul mot et me retirai[1]. »

  1. Le livre le plus instructif sur l’histoire de la Vendée (j’allais dire le seul) est celui de Savary, père du membre de l’Académie des Sciences: Guerres des Vendéens, par un officier, 1824. Dans les autres, il y a peu à prendre. Ce sont des romans qui ne soutiennent pas l’examen ; les noms, les dates, les faits, presque tout y est inexact, faux, impudemment surchargé de fictions. Je le sais maintenant à mes dépens, après avoir perdu des années