Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/35

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme la vraie religion nationale, la foi que Gottschalk avait professée dès le temps de Charlemagne, au berceau même du christianisme allemand, la foi de Tauler, et de tous les mystiques des Pays-Bas. Le peuple se jeta avec la plus âpre avidité sur cette pâture religieuse dont on l’avait sevré depuis le quatorzième siècle. Les propositions furent imprimées à je ne sais combien de mille, dévorées, répandues, colportées. Luther fut lui-même alarmé de son succès. « Je suis fâché, dit-il, de les voir tant imprimées, tant répandues ; ce n’est pas là une bonne manière d’instruire le peuple. Il me reste moi-même quelques doutes. J’aurais mieux prouvé certaines choses, j’en aurais omis d’autres, si j’avais prévu cela. »

Il semblait alors fort disposé à laisser tout, et à se soumettre. « Je veux obéir, disait-il j’aimerais mieux obéir que faire des miracles, quand même j’aurais le don des miracles. »

Tetzel ébranla ces résolutions pacifiques, en brûlant les propositions de Luther. Les étudiants de Wittemberg usèrent de représailles pour celles de Tetzel, et Luther en exprime quelque regret. Mais lui-même fit paraître ses Resolutions, à l’appui des premières propositions. « Vous verrez, écrit-il à un ami, mes Resolutiones et responsiones. Peut-être en certains passages les trouverez-vous plus libres qu’il ne faudrait ; à plus forte raison, doivent-elles paraître intolérables aux flatteurs de Rome. Elles étaient déjà publiées ; autrement, j’y aurais mis quelque adoucissement. »

Le bruit de cette controverse se répandit hors de