Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/36

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l’Allemagne et parvint à Rome. On prétend que Léon X crut qu’il ne s’agissait que de jalousie de métier entre les Augustins et les Dominicains, et qu’il aurait dit « Rivalités de moines ! Fra Luther est un beau génie ! » De son côté, Luther protestait de son respect pour le pape même. Il écrivit en même temps deux lettres, l’une à Léon X, par laquelle il s’abandonnait à lui sans réserve, et se soumettait à sa décision. « Très-Saint-Père, disait-il en finissant, je m’offre et me jette à vos pieds, moi et tout ce qui est en moi. Donnez la vie ou la mort ; appelez, rappelez, approuvez, désapprouvez, je reconnais votre voix pour la voix du Christ qui règne et parle en vous. Si j’ai mérité la mort, je ne refuserai point de mourir ; car la terre et la plénitude de la terre sont au Seigneur qui est béni dans les siècles puisse-t -il vous sauver éternellement ! Amen. » (Jour de la Trinitè, 1518.)

L’autre lettre était adressée au vicaire général Staupitz, qu’il priait de l’envoyer au pape. Dans celle-ci, Luther indiquait que sa doctrine n’était autre que celle qu’il avait reçue de Staupitz lui-même. « Je me souviens, mon révérend père, que parmi vos doux et salutaires discours, d’où mon Seigneur Jésus fait découler pour moi de si merveilleuses consolations, il y eut aussi mention du sujet de la pénitence ; et qu’alors émus de pitié pour tant de consciences que l’on torture par d’innombrables et insupportables prescriptions sur la manière de se confesser, nous reçûmes de vous, comme une voix du Ciel, cette parole : Qu’il n’y a de vraie pénitence que celle qui commerce