Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/125

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La réaction religieuse que l’on voudrait faire tourner au profit d’une secte n’est pas, en effet, sans raison dans la société. Où est l’homme que l’on n’ait, comme à plaisir, dégoûté des intérêts et des espérances politiques ? En voyant depuis douze ans, ce que l’on appelle les chefs de parti mettre tout leur talent à ménager mutuellement leurs masques en public, quel est celui qui n’a pas un moment pris en dédain cette corruption changée en routine, et qui n’ait reporté son esprit vers celui-là seul qui ne ruse pas, qui ne fraude pas, qui ne ment pas ? Cette disposition religieuse est inévitable. Elle sera féconde et salutaire. Par malheur, tout le monde s’empresse déjà de spéculer sur un pareil retour : il en est même qui avouent que ce Dieu restauré pourrait bien être un excellent instrument pour le pouvoir actuel. Quelle bonne fortune, en effet, pour plus d’un homme d’état, si cette France, fière, guerrière, révolutionnaire, philosophique, lasse enfin de tout et d’elle-même, consentait, sans plus de ferveur politique, à dire son chapelet dans la poussière, à côté de l’Italie, de l’Espagne, et de l’Amérique du Sud !

On nous dit : Vous attaquez le jésuitisme par mesure de prudence. Pourquoi le séparez-vous du reste du clergé ? Je ne sépare que ce qui veut être séparé. J’expose les maximes de l’ordre qui résume les com-