Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/137

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Du moins, ajoute-t-on, ne pourriez-vous pas montrer l’effet sans la cause, les lettres et la politique sans l’esprit qui les domine, l’Italie sans le jésuitisme, le mort sans le vivant ? Non, je ne le peux pas, et de plus je ne le veux pas.

Eh ! quoi, je verrai, par une observation attentive, l’Europe du Midi se consumer dans le développement et la formation de cet établissement, languir, s’éteindre sous cette influence ; et moi, qui m’occupe ici spécialement des peuples du Midi, je ne pourrai rien dire de ce qui les fait périr ! (Murmures). Je verrai tranquillement mon pays convié à une alliance que d’autres ont si chèrement payée, et je ne pourrais dire : Prenez garde ! d’autres ont fait l’expérience pour vous ; les peuples qui sont le plus malades en Europe, ceux qui ont le moins de crédit, d’autorité, ceux qui semblent le plus abandonnés de Dieu, sont ceux où la société de Loyola a son foyer ! (Murmures, trépignements, cris, la parole est couverte pendant quelques minutes.) Ne vous laissez pas aller à cette pente, l’exemple montre qu’elle est funeste ; n’allez pas vous asseoir sous cette ombre ; elle a endormi et empoisonné pendant deux siècles l’Espagne et l’Italie. (Tumulte, cris, sifflets, applaudissements.) — Je vous le demande, si de ces faits généraux je ne peux