Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/138

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tirer la conséquence, que devient tout enseignement réel en de pareilles matières ?

Mais voici où mon étonnement redouble. Pour quel ordre, pour quelle société réclame-t-on cet étrange privilége ? qui veut-on mettre ici hors des atteintes de la discussion, de l’observation ? Est-ce au moins, par hasard, le clergé vivant de France ? est-ce encore une de ces communions pacifiques et modestes qui ont besoin d’être protégées contre les violences d’une majorité intolérante ? Non, c’est une société qui (nous verrons plus tard si ce fut à tort ou avec raison) a été, à différentes époques, expulsée de tous les états de l’Europe, que le pape lui-même a condamnée, que la France a rejetée de son sein, qui n’existe pas aux yeux de l’État, ou qui plutôt est tenue pour morte légalement dans le droit public de notre pays ; et c’est ce débris sans nom, qui se cache, se dérobe, grandit en se reniant, c’est là ce qu’il n’est pas permis d’étudier, de considérer, d’analyser dans ses origines et son passé ! On avoue que tous les autres ordres ont eu leur temps de déclin, de corruption, qu’ils ont été accommodés, dans leur esprit, à une époque particulière, après laquelle ils ont dû céder à d’autres, à peu près comme les sociétés politiques, les états, les peuples, qui tous ont leur jour et leur destinée