Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/141

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je commence à craindre que nous n’ayons été trop timides. Comparez, en effet, un moment l’enseignement dans notre pays et l’enseignement dans les universités des gouvernements despotiques du Nord. N’est-ce pas dans un pays catholique, dans une université catholique, à Munich, que Schelling a développé pendant trente ans impunément, dans sa chaire, avec une audace croissante, l’idée de ce christianisme nouveau, de cette église nouvelle qui transforme à la fois le passé et l’avenir ? N’est-ce pas dans un pays despotique que Hégel, avec plus d’indépendance encore, a ravivé toutes les questions qui se rapportent au dogme ? et là, ce ne sont pas seulement les théories, les mystères qui sont discutés librement par la philosophie ; c’est encore et partout la lettre de l’Ancien et du Nouveau-Testament, auxquels on applique le même esprit désintéressé de haute critique qu’à la philologie grecque et romaine.

Voilà quelle est la vie de l’enseignement dans les états même despotiques ; tout ce qui peut mettre l’homme sur la voie de la vérité est permis, accordé ; et nous, dans un pays libre, le lendemain d’une révolution, qu’avons-nous fait ? Avons-nous usé, abusé de cette liberté philosophique que le temps nous accordait, sans que personne pût nous l’enlever ? Avons-