Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nous déployé le drapeau de la philosophie et du libre examen autant qu’il était loisible de le faire ? Non, assurément ; comme tout le monde pensait que cette indépendance était pour jamais conquise, personne ne s’est pressé d’en faire un plein usage. Les questions les plus hardies ont été ajournées ; on a voulu, par des ménagements infinis, ôter toutes les occasions de dissidence. La philosophie, qui semblait devoir s’enorgueillir à l’excès de ce triomphe de juillet, s’est au contraire pliée à une humilité dont tout le monde a été surpris ; et cette situation si modeste dans laquelle nous devions espérer au moins trouver la paix, c’est là un refuge dans lequel on ne veut pas nous laisser. Faut-il donc reculer, céder encore ? Mais un seul pas en arrière, et nous risquerions bien d’être rejetés en dehors de notre siècle. Que faut-il donc faire ? Marcher en avant. (Applaudissements.) Pour ma part, je remercie ceux qui nous provoquent à l’action et à la vie. Qui sait si nous n’aurions pas fini par nous asseoir dans un repos infécond et trompeur ? Plusieurs pensaient que l’alliance de la croyance et de la science était enfin consommée, le terme atteint, le problème résolu. Mais non ! les adversaires ont raison ; le temps du repos n’est pas encore arrivé ; la lutte est bonne, quand on l’accepte sincèrement ; c’est dans ces luttes éternelles de la