git d’un mystère, le prélude (præludium), avant tout autre opération, est de se représenter un certain lieu corporel, avec toutes ses dépendances. Par exemple, est-il question de la Vierge ? le moyen est de se figurer une petite maison (domuncula) ; de la Nativité ? une grotte, une caverne, disposée d’une manière commode ou incommode ; d’une scène de prédication dans l’Évangile ? un certain chemin avec ses détours plus ou moins escarpés. S’agit-il de la sueur de sang ? il faut se figurer avant tout un jardin d’une certaine grandeur (certâ magnitudine, figurâ et habitudine), en mesurer la longueur, la largeur, le contenu ; quant au règne du Christ, se représenter des maisons de campagnes, des forteresses (villas et oppida) ; après quoi, le premier point est d’imaginer un roi humain[1] parmi ses peuples ; s’adresser à ce roi, converser avec lui ; peu à peu changer le roi en Christ ; se substituer au peuple, et se placer ainsi dans le vrai royaume.
Telle est la méthode pour s’élever aux mystères. Si cela est, voyez la conséquence ! Partir toujours de l’impression matérielle, n’est-ce pas montrer pour l’esprit une défiance qui renverse la nature même du christianisme ? N’est-ce pas entrer par déguisement
- ↑ Punctum primum estò proponere mihi ob oculos humanum regem. Exercit. Spirit., p. 97.