Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/236

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les peuples qui se conforment à son principe ; de s’intéresser à eux, de leur prêter appui pour croître sous son ombre. Que diriez-vous, si au lieu de cette vie qui se propage, vous trouviez quelque part une société religieuse, qui à quelque forme politique qu’elle soit associée, monarchie, aristocratie, démocratie, se déclare sourdement l’ennemie de cette constitution, et travaille à la miner, comme s’il lui était impossible de souffrir aucune alliance ? Que diriez-vous d’une société qui, dans quelque milieu qu’elle soit jetée, aurait un art souverain à démêler, sous les formes artificielles des lois et des institutions écrites le véritable principe de vie politique, s’appliquant aussitôt à le ruiner par la base ?

Aussi longtemps qu’elles ont vécu, les religions de l’antiquité ont servi de fondement à certaines formes politiques, le panthéisme aux castes orientales, le polythéisme aux républiques grecques et romaines. Avec le christianisme, on voit quelque chose de nouveau, un culte qui, sans se complaire exclusivement dans un moule politique, s’allie à toutes les formes des sociétés connues. Comme il est la vie même, il la distribue à tout ce qui fait alliance avec lui, à la monarchie féodale des barbares, aux républiques bourgeoises de Toscane, aux républiques sénatoriales de Venise et