Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/240

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stratagème qui menaça de détruire à sa source l’idée de l’existence civile et politique, les religieux ne parlant que de la souveraineté du peuple pour la ruiner, les politiques furent contraints de ne parler que du droit divin pour la sauver.

La question ainsi posée, restait, pour la trancher, un pas hardi à faire du côté du parti théocratique ; c’était de pousser les choses jusqu’à la doctrine avouée du régicide ; on ne plia pas devant cette nécessité. Sans doute, au milieu du vertige de la ligue, il ne manqua pas de prédicateurs de divers ordres, qui allèrent au devant de la doctrine. Mais ce que personne ne nie, c’est qu’il appartient aux membres de la société de Jésus de l’avoir savamment fondée, érigée en théorie. On connaît leur axiome populaire de ce temps là : Il ne faut qu’un pion pour mater un roi !

Depuis 1590 jusqu’en 1620, les docteurs les plus importants de l’ordre, retirés de la mêlée, enfermés paisiblement dans le fond de leurs couvents, les Emmanuel Sâ, les Alphonse Salméron, les Grégoire de Valence, les Antoine Santarem, établissent positivement le droit de l’assassinat politique. Voici en deux mots toute la théorie, qui dans cet intervalle, est très-uniforme. Ou le tyran possède l’État par un droit légitime, ou il l’a usurpé. Dans le premier cas, il peut être