Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/26

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partout l’huile et le miel, adouci la voie… Elles ont ravi les femmes en se faisant sœurs, amies, ce qu’on voulait, mères surtout, touchant le point sensible, le pauvre cœur maternel…

De bonne amitié, elles consentaient à prendre la jeune fille ; et la mère, qui autrement ne s’en fût séparée jamais, la remettait de grand cœur dans ces douces mains… Elle s’en trouvait bien plus libre ; car, enfin l’aimable jeune témoin ne laissait pas d’embarrasser, surtout si, devenant moins jeune, on voyait fleurir près de soi la chère, l’adorée, mais trop éblouissante fleur.

Tout cela s’est fait très-bien, très-vite, avec un secret, une discrétion admirables. Les jésuites ne sont pas loin d’avoir ainsi, dans les maisons de leurs dames, les filles de toutes les familles influentes du pays. Résultat immense… Seulement, il fallait savoir attendre. Ces petites filles, en peu d’années, seront des femmes, des mères… Qui a les femmes est sûr d’avoir les hommes à la longue.

Une génération suffisait. Ces mères auraient donné leurs fils. Les jésuites n’ont pas eu de patience. Quelques succès de chaire ou de salons les ont étourdis. Ils ont quitté ces prudentes allures qui avaient fait leurs succès. Les mineurs habiles qui allaient si bien sous le sol, se sont mis à vouloir travailler à ciel ouvert. La