Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/265

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de longues ordonnances sur la philosophie ; je suis curieux de savoir ce que peut être la philosophie du jésuitisme ; je m’attache à cette partie qui résume la pensée de toutes les autres ; et que trouvé-je ? la confirmation éclatante et matérielle de tout ce que j’ai dit jusqu’à ce jour. En effet, à ce mot de philosophie, vous vous attendez à rencontrer les questions sérieuses et vitales de la destinée, ou du moins cette sorte de liberté que le moyen âge a su concilier avec la subtilité de la scolastique. Détrompez-vous ; ce qui brille dans ce programme, est ce qu’on ne peut y faire entrer ; c’est l’habileté à éloigner tous les grands sujets, pour ne maintenir que les petits. Devineriez-vous jamais de qui, d’abord, il est défendu de parler dans la philosophie du jésuitisme ? Il faut premièrement ne s’occuper que le moins possible de Dieu, et même n’en pas parler du tout : Quæstiones de Deo… prætereantur ! « Que l’on ne permette pas de s’arrêter à l’idée de l’Être plus de trois ou de quatre jours » (et le cours de philosophie est de trois ans)[1]. Quant à la pensée de substance, il faut absolument n’en rien dire (nihil dicant) ! surtout bien éviter de traiter des principes[2] ; et par-dessus tout, s’abstenir, tant ici qu’ailleurs (multò

  1. Adeò ut tridui vel quatridui circiter spatium non excedant. Ib., p. 227.
  2. Caveat ne ingrediantur disputationem de principiis. Ib., p. 227.