Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/264

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humaine. Sans nous laisser arrêter par ces dehors, pénétrons au fond du système ; consultons l’esprit qui donne un sens à tout l’établissement. La Société, dans des règles destinées à être secrètes, a dressé elle-même la constitution de la science, sous le titre de Ratio studiorum. L’une des premières injonctions que je rencontre est celle-ci : « que personne, même dans les matières qui ne sont d’aucun danger pour la piété, ne pose jamais une question nouvelle ; » NEMO NOVAS INTRODUCAT QUÆSTIONES… Quoi ! lorsqu’il n’y a aucun danger, ni pour les personnes, ni pour les choses, ni même pour les idées, s’emprisonner, dès l’origine, dans un cercle de problèmes, ne jamais regarder au delà, ne pas déduire d’une vérité conquise une vérité nouvelle ! N’est-ce pas là stériliser le bon denier de l’Evangile ? n’importe. Les termes sont précis ; la menace qui les accompagne ne permet pas d’ambages. « Quant à ceux qui sont d’un esprit trop libéral, il faut absolument les repousser de l’enseignement[1]. » Du moins, s’il est défendu d’attirer l’intelligence vers des vérités nouvelles, sans doute il sera libre à chacun de débattre les questions proposées, surtout si elles sont aussi vieilles que le monde. Non, cela n’est pas permis ; expliquons-nous. Je vois

  1. Hi a docendi munere sine dubio removendi. Rat. St., p. 172.