Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/268

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le génie satanique de l’inertie aurait paru sur la terre, j’affirme qu’il n’aurait pas procédé autrement.

Appliquez un instant cette méthode à un peuple en particulier, chez lequel elle devienne dominante, à l’Italie, à l’Espagne, et mesurez les résultats ! Ces peuples, encore tout émus des hardiesses du seizième siècle, n’eussent pas manqué de repousser la mort sous ses traits naturels. Mais la mort qui se présente sous la forme de la discussion, de la curiosité, de l’examen, comment la reconnaître ? Aussi, en quelques années, dans ces villes que l’art, la poésie, la politique avaient remplies, Florence, Ferrare, Séville, Salamanque, Venise, les générations nouvelles croient marcher sur les traces vivantes des ancêtres, parce que sous la main des Jésuites, elles s’agitent, se remuent, intriguent dans le vide. Si la métaphysique est sans Dieu, il va sans dire que l’art est sans inspiration ; ce n’est plus qu’un exercice[1], un jeu poétique[2]. On s’imagine être encore du pays des poëtes, et continuer la lignée, si l’on commente Ezéchiel avec Catulle, et les Exercices spirituels de Loyola avec Théocrite, si l’on compose, pour la retraite spirituelle dans la maison d’épreuve, des églogues imitées mot

  1. Exercitatio, V. Imago primi sæculi, p. 441, 460.
  2. Ludus poeticus. V. ib., p. 157, 444, 447, 706.