Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/272

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est absolument la même que celle des premiers empereurs romains. De même qu’Auguste et Tibère se font les représentants de tous les anciens droits de la république pour les étouffer tous, les jésuites se font les représentants des droits innés et métaphysiques de l’esprit humain, pour le réduire au servage le plus absolu qui fut jamais. Ils ont, autant que possible réalisé le vœu de cet empereur : Si le genre humain n’avait qu’une tête ! La différence est qu’au lieu de la trancher, ils se contentent de l’asservir.

En effet, cette âme qu’ils viennent de faire rentrer dans l’indépendance native, qu’en vont-ils faire ? La rendre à l’Église. Sans doute. Mais à laquelle ? Est-ce à l’Église démocratique des premiers siècles ? à l’Église fondée sur la solennelle représentation des conciles ? à l’Église dont tout le quinzième siècle a demandé la réforme ? Tout dépend, en dernière analyse, de savoir quelle est la forme que veut faire prédominer le jésuitisme dans la constitution du catholicisme. Il y avait, au seizième siècle, trois tendances en Europe et trois manières de terminer le débat : faire prédominer les conciles (ce qui était développer l’élément démocratique), ou la papauté (ce qui poussait à l’autocratie), ou enfin comme par le passé les tempérer mutuellement. Quelle