Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/273

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fut, au milieu de pareilles questions, la conduite et la théologie de ces grands fauteurs du droit inné de la liberté humaine[1] ?

Leur doctrine dans les sessions de Trente et partout ailleurs, fut d’extirper par la racine tout élément de liberté dans l’église, de ravaler dans la poussière les conciles, ces grandes assemblées représentatives de la chrétienté, de saper par la base le droit des évêques, ces anciens élus du peuple, de ne rien laisser subsister théologiquement que le pape, c’est-à-dire, comme s’exprime un illustre prélat français du seizième siècle, de fonder non pas une monarchie, mais tout ensemble une tyrannie temporelle et spirituelle. Comprenez-vous, maintenant, le long détour qui étonnait l’inquisition elle même ? Ils saisissent l’homme moderne au nom de la liberté ; ils le plongent tout aussitôt, au nom du droit divin, dans une servitude irrémédiable : car, dit leur orateur, leur général, Laynez, l’Église est née dans la servitude, destituée de toute liberté et de toute juridiction. Le pape seul est quelque chose, le reste n’est qu’une ombre.

Par là, vous le voyez, s’effacent d’un trait de plume, cette tradition de vie divine qui circulait dans tout le corps, cette transmission du droit de la société des

  1. Jure innatæ libertatis humanæ. Molina. Comment., p. 761.