Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/293

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par la théologie moderne avec une précision à laquelle il est impossible d’échapper. Il ne s’agit pas des vagues théorèmes de la philosophie écossaise ; oh ! que le terrain est bien autrement brûlant, et qu’ils seraient peu avancés lorsqu’on leur accorderait tout ce qu’ils demandent avec une ingénuité véritablement effrayante ! Puisqu’ils en détournent la tête, il faut donc les ramener au point vital de toute la question. Depuis cinquante ans, voilà l’Allemagne occupée tout entière à un sérieux examen de l’authenticité des livres saints du christianisme. Ces hommes, de diverses opinions, d’une science profonde et incontestable, ont étudié la lettre et l’esprit des Écritures avec une patience que rien n’a pu lasser. De cet examen est résulté un doute méthodique sur chacune des pages de la Bible. Est-il vrai que le Pentateuque est l’œuvre, non de Moïse, mais de la tradition des lévites, que le livre de Job, la fin d’Isaïe, et, pour tout résumer, la plus grande partie de l’Ancien et du Nouveau-Testament sont apocryphes ? Cela est-il vrai ? voilà toute la question, qui est aujourd’hui flagrante, et c’est celle dont vous ne parlez pas. Si, au siècle de Louis XIV, pareils problèmes eussent été posés, non pas isolément, obscurément, mais avec l’éclat qu’ils empruntent des universités du Nord, j’imagine que les prélats