Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/298

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l’une vers le monde et l’autre vers l’église, parlant à double entente, elle retournait à grands pas vers la scolastique, dont elle avait déjà pris soin d’exalter par avance les services et le génie. A petit bruit, sans scandale, on marchait en France à la ruine de la religion par la philosophie, et de la philosophie par la religion, ou plutôt au néant, puisque le véritable néant, c’est d’habiter le mensonge ; c’est, pour le croyant, de déguiser sa croyance sous l’apparence du système ; c’est, pour le philosophe, de déguiser sa philosophie sous les insignes de ceux qui la combattent.

Les attaques violentes, injustes, quelquefois calomnieuses, qui viennent de retentir sur tous les tons, peuvent donc avoir le grand avantage de replacer chacun dans sa condition naturelle. Il faut même, jusqu’à un certain point, féliciter l’église de s’être lassée la première de la trêve menteuse que l’on avait achetée si chèrement de part et d’autre ; et nous ne songerons pas à nous plaindre, si tout cet éclat peut ramener sur le terrain de la vérité les sectes religieuses et les sectes philosophiques, qui semblaient, d’un commun accord, vouloir également s’y soustraire.

Tout serait, en effet, perdu, si la même indifférence qui se glisse peu à peu dans la vie civile, si les mêmes