Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/31

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vie, autant que pour la science, pour le remède de l’âme, comme dit le moyen âge. Nous le demandions, ce remède, à la philosophie et à l’histoire, à la voix du cœur, à la voix du monde.

La forme, parfois poétique, pouvait arrêter les faibles ; mais les forts retrouvaient sans peine la critique sous la poésie, — non la critique qui détruit, mais bien celle qui produit[1], cette critique vivante qui demande à toute chose le secret de sa naissance, son idée créatrice, sa cause et sa raison d’être, laquelle étant retrouvée, la science peut tout refaire encore… C’est le haut caractère de la vraie science, d’être art et création, de renouveler toujours, de ne point croire à la mort, de n’abandonner jamais ce qui vécut une fois, mais de le reconstituer et le replacer dans la vie qui ne passe plus.

Que faut-il pour cela ? Aimer surtout, mettre dans sa science sa vie et son cœur.

J’aimais l’objet de ma science, le passé que je refaisais ; — et le présent aussi, ce compagnon de mon étude, cette foule qui dès longtemps habituée à ma parole, comprenait ou devinait, qui souvent m’éclairait de son impression rapide.

  1. Je n’ai pas besoin de dire qu’il s’agit de la tendance et de la méthode, plus que des résultats obtenus.