Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/64

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je leur demande si la plus haute récompense de leurs travaux, leur meilleure consolation dans les fortunes diverses, n’a pas été la contemplation de ce que nous pouvons appeler la maternité de la Providence.

Dieu est une mère… Cela est sensible pour qui voit avec quel ménagement, il met les plus grandes forces à la portée des êtres les plus faibles… Pour qui ce travail immense, ce concours des éléments, ces eaux venues des mers lointaines, et cette lumière de trente millions de lieues ? Quel est ce favori de Dieu devant lequel la nature s’empresse, se modère et retient son souffle ?… C’est un brin d’herbe des champs.

A voir ces ménagements si habiles, si délicats, cette crainte de blesser, ce désir de conserver, ce tendre respect de l’existence, qui méconnaîtrait la main maternelle ?

La grande mère, la grande nourrice est comme toutes les mères ; elle craint d’être trop forte ; elle entoure et ne serre pas ; elle influe, ne force pas ; elle donne toujours et toujours, mais doucement, peu à la fois… de sorte que le nourrisson, quel qu’il soit, ne reste pas longtemps passif, qu’il s’aide lui-même et que selon son espèce, il ait aussi son action.

Le miracle éternel du monde, c’est que la force in-