Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/34

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divin Homère, et dans les chœurs de plusieurs tragédies que ses poëmes ont inspirées. Qui refuserait le nom d’Élégies aux adieux d’Andromaque et d’Hector, aux plaintes de cette môme Andromaque sur le corps défiguré d’un époux ? «Voulez-vous, dit l’auteur du Voyage déjà cité, voulez-vous le modèle d’une Élégie aussi courte que touchante ? vous la trouverez dans Euripide. Andromaque, transportée en Grèce, se jette aux pieds de la statue de Thétis, de la mère d’Achille: elle ne se plaint pas de ce héros; mais, au souvenir du jour fatal où elle vit Hector traîné autour des murailles de Troie, ses yeux se remplissent de larmes, elle accuse Hélène de tous ses malheurs; elle rappelle les cruautés qu’Hermione lui a fait éprouver; et, après avoir prononcé une seconde fois le nom de son époux, elle laisse couler ses pleurs avec plus d’abondance.» C’est peut-être le seul morceau remarquable de l’Andromaque d’Euripide, pièce assez médiocre, surtout comparée à la belle tragédie de Racine.

Il paraît que du temps d’Horace on recherchait encore sérieusement l’inventeur des vers élégiaques :

Quis tamen exiguos elegos emiserit auctor, Grammatici certant , et adkuc sub judice lis est.

Quoique pareille découverte ne fût pas de la plus haute importance, les rhéteurs et les grammairiens n’auraient pas laissé fuir une si belle occasion de conjecturer. Peut-être eût-il mieux valu prendre simplement la peine d’entendre le vers d’Horace, et ne pas interpréter à faux, comme la plupart l’ont fait, le mot exiguos, lequel ne se rapporte pas aux limites du genre, mais bien à la brièveté du pentamètre qui termine le distique élégiaque.

Que Strabon attribue tour à tour la gloire équivoque de cette invention à Callinus ou à Mimnerme , il n’est pas