Laissant tomber sa jupe, et soufflant la lumière.
J’ai rappelé quelques-uns de ses défauts, sans parler encore de ses qualités. Elles sont nombreuses. Le mouvement, la chaleur, la force, le ton passionné, l’accent poétique à un degré fort éminent, caractérisent ses Élégies
dont la plupart mériteraient mieux le nom de pièces
érotiques. Parmi celles dont le titre est justifié, l’on doit
remarquer les Adieux de l’auteur à une terre qu’il vient de vendre[1]. Cette pièce d’une certaine étendue décèlerait à
elle seule tout un poète. Parny peut-être n’eût pas, dans
le même genre, soutenu si longtemps son style à la même
hauteur. Mais la justice distributive oblige en même
temps à déclarer que Bertin reste bien loin de son émule
pour le naturel, pour l’abandon, pour le charme : le
charme ! qualité plus indéfinissable encore que la grâce,
et qui assure l’empire du talent comme celui de la beauté.
Ainsi que nous l’avons dit à propos de Tibulle, le chantre
d’Eléonore excellait surtout dans le choix des circonstances attachantes. Nul poète ne possédait mieux cette
mesure parfaite, ce sentiment délicat des convenances,
qui enseigne ce qu’il faut dire et ce qu’il faut taire, ce
que l’on peut offrir aux yeux et ce qu’on doit laisser sous
un voile. Plus voluptueux par la décence même, il laisse
au plaisir l’attrait du mystère, et à l’abandon les grâces
de la pudeur; il n’effarouche pas, il captive. L’expression de son bonheur est encore moins vive que tendre;
celle de sa douleur est triste sans emportement. Properce,
soupçonnant la foi de Cynthie, éclate en imprécations.
Perdant Éléonore, que l’hymen va lui ravir, Parny ne
l’accuse point; il forme pour son bonheur des vœux qu’il
craint de ne pas voir exaucés. Quel est le plus touchant
de l’amant qui se plaint et menace, ou de celui qui