Page:Millevoye - Œuvres complètes de Millevoye, I, 1837, éd. Pongerville.djvu/80

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Dans la parure des amours.
A cet odorant diadème,
Qui du front de celle que j’aime
Égale à peine la fraîcheur,
Je reconnaîtrai l’humble fleur
Dont j’ornai sa tête chérie
Avant de quitter la prairie
Qui fut témoin de mon bonheur.
Pardonne ; mais sur ton visage
Je chercherai le doux ravage,
Trace de nos plaisirs secrets ;
Et mon œil, qui sur tant d’attraits
Avec volupté se repose,
Voudra démêler dans tes traits
Une aimable métamorphose :
Car aux yeux ravis d’un amant
Le lis peut effacer la rose ;
Le coloris le plus charmant
Est la pâleur dont il est cause.




LE POÈTE MOURANT.


Le poète chantait : de sa lampe fidèle
S’éteignaient par degrés les rayons pâlissants ;
Et lui, prêt à mourir comme elle,
Exhalait ces tristes accents :

« La fleur de ma vie est fanée ;
Il fut rapide, mon destin !
De mon orageuse journée
Le soir toucha presque au matin.

« Il est sur un lointain rivage
Un arbre où le Plaisir habite avec la Mort.