Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/68

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je craignais de voir Samson contraint à des actions indignes de lui. Ce qui me conduit ici, c’est surtout le désir de vous faire partager mon espoir, et de vous dire mes efforts heureux pour lui rendre la liberté.

LE CHŒUR.

Cet espoir, si tu nous le fais partager, sera pour nous une grande joie ; parle donc vénérable vieillard, nous avons soif de t’entendre.

MANUÉ.

J’ai sondé, l’un après l’autre, les chefs des Philistins, soit dans leurs maisons, soit dans les principales rues de la cité, alors qu’ils y passaient ; mes humbles supplications, mes larmes paternelles les ont conjurés d’accepter une rançon pour mon fils, leur captif ; j’en ai trouvé plusieurs qui, étrangement durs, méprisants et hautains, appuyés sur le ressentiment et la vengeance, ne m’ont laissé voir qu’une opposition ardente ; ceux-là, ils honoraient surtout et Dagon et ses prêtres ; d’autres, plus modérés en apparence, ne regardaient que leur intérêt personnel, pour lequel volontiers ils eussent mis à prix et Dieu et la patrie ; quelques-uns, plus humains et plus généreux, me déclaraient qu’ils s’étaient assez vengés, et puisqu’ils avaient réduit leur ennemi à une misère plus grande que leurs terreurs, ils estimaient magnanime de le tenir quitte du reste, pourvu. qu’on leur offrît une rançon suffisante, Mais quel est ce bruit, cette acclamation qui vient d’ébranler le Ciel.