Page:Milton - Samson agoniste, 1860, trad. Avenel.djvu/69

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LE CHŒUR.

Sans doute c’est le peuple qui pousse des cris de joie ; il voit captif et aveugle devant lui celui qui autrefois lui inspira tant de terreur, ou bien il contemple quelque preuve de vigueur dont on lui donne le spectacle.

MANUÉ.

Sa rançon, si tout mon héritage y peut suffire, je la paierai et je la compterai de bon cœur. Vivre le plus pauvre de ma tribu, bien plutôt le choisirai-je que d’en être le plus riche et de l’abandonner dans cette affreuse prison, Non, sans lui, j’y suis résolu, je ne partirai point ; pour son rachat, s’il le faut, je suis prêt à céder et à livrer tout mon patrimoine. Qu’il ne me manque pas, et rien ne me manquera.

LE CHŒUR.

Amasser pour leurs fils est la coutume des pères ; toi, pour ton fils, tu vas te dépouiller de tout. Les fils, pour l’ordinaire, nourrissent leurs pères dans leur vieillesse ; toi, dans ta vieillesse, tu songes à nourrir ton fils. Sa cécité l’a plus vieilli que ne le feraient les années.

MANUÉ.

Ce sera mon bonheur d’être moi-même ses yeux ; de le voir assis à mon foyer, lui si grand par tous les exploits qu’il a su accomplir. Sur ses épaules se dérouleront les boucles de cette chevelure qui renfermait la puissance