Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/102

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guirlandes naturelles et l’odorat par leur douce saveur. Un sentier serpentant à travers un fort de noisetiers et de mûriers sauvages, conduit à la plus charmante des grottes ; les rocailles les plus artistement posées, les coraux, les madrépores, l’éclatant burgau, la nacre brillante en tapissent les parois ; l’onde fraîche et limpide, filtrant à travers le rocher, se rassemble dans des conques superbes, d’où elle tombe par cascades dans des bassins de granit, qu’on croirait creusés par les mains de la nature ; l’art partout est caché, et n’en a que plus de succès ; sur l’entrée on lit : ici l’on s’égare. Au fond de la grotte, éclairée par une ouverture pratiquée pittoresquement dans la voûte, une mousse épaisse et fleurie offre des lits commodes au promeneur fatigué ; au-dessus on lit : ici l’on se retrouve.

La signora Magdalani s’y couchant, dit en souriant :

— Qui veut se retrouver avec moi ?

Je me présentai le premier.

— J’admire son zèle pour la famille, il vient de rendre service à mon frère, il veut m’obliger et je parie qu’avant de rentrer au château il voudra se rendre utile à ma fille : le charmant enfant ! Mais je ne veux pas qu’il s’épuise ; jouons avec la volupté, mais rendons-nous-en maîtres, et sachons reculer l’instant de la conclusion. Mme Valbouillant et Babet n’ont point goûté de plaisirs solides aujourd’hui, que mon frère et Valbouillant les occupent ; ma fille et moi, nous nous contenterons de Hic et Hec ; il a