Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/101

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que nous eussions nous-mêmes consommé le sacrifice.

Mme Valbouillant et Babet, qui étaient survenues pendant le combat, pour ne pas rester oisives, s’étaient armées des suppléments, dont elles s’obligeaient réciproquement, en se réglant sur les mouvements du groupe principal.

Le sacrifice terminé, on se relève, on se félicite, et l’on redescend dans la salle à manger ; de bons consommés, d’excellentes truffes à l’huile vierge, et des canapés d’anchois rétablirent les forces de nos belles et aimables athlètes ; les vins les plus doux et les plus fins y furent joints ; quelques chansons folles égayèrent le déjeuner ; et l’évêque proposa d’aller folâtrer dans quelques bosquets de l’Averne, son jardin délicieux : tout le monde applaudit, et tous, d’un pied léger et d’un front riant, suivirent le saint prélat et sa superbe sœur.

Rien n’égale le goût et la variété de ces jardins enchanteurs ; l’acacia rose, le mélèze fleuri unissent leurs rameaux au cèdre du Liban ; plus loin le catalpa, le platane dépouillé de son écorce, ombragent de leur cime élevée le limpide ruisseau qui serpente à travers le gazon fleuri, tandis que le saule pleureur courbe vers l’onde fugitive ses rameaux minces et pendants ; la violette, la rose, l’œillet, le thym, l’iris émaillant la prairie, fournissent un riche butin à l’abeille laborieuse qui vient cueillir le baume vivifiant dont elle compose son miel ; les arbustes odorants, le jasmin parfumé, le rampant chèvrefeuille, s’élevant le long de la tige du citronnier, et se liant aux branches de l’oranger, charment la vue par leurs