Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/13

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Je dois le jour à une distraction d’un R. P. jésuite d’Avignon, qui, se promenant avec ma mère, blanchisseuse de la maison, quitta dans l’obscurité le sentier étroit qu’il parcourait d’ordinaire en faveur de la grande route qui lui était peu familière.

À peine avais-je six ans que sa tendresse paternelle me fit admettre par charité dans les basses classes ; j’y rendais tous les services qu’on pouvait attendre de mon âge, et grâce aux heureuses dispositions dont la nature m’avait doué, je profitai ; à douze ans, je pus balayer la troisième et faire les commissions du père Natophile, qui en était régent.

J’étais précoce en tout, ma taille était élancée et svelte, mon visage rond et vermeil, mes cheveux châtain-brun et mes yeux noirs, grands et perçants me faisaient paraître plus âgé que je n’étais : on me prenait pour un enfant de quatorze ans.