Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/19

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l’orgueil augmentait à vue d’œil ; il y a peu d’avocats aussi éloquents aux yeux d’une femme : je vis le succès du plaidoyer muet, et reprenant sa main, je la pressai contre l’orateur.

— Ah ! fripon, s’écria-t-elle en passant son autre bras autour de mon cou, et serrant ma tête contre son sein.

Je sentis l’énergie de cet « Ah ! fripon ! » et, profitant de la circonstance et de l’heureuse attitude, je fis tant des genoux et des mains qu’en quatre secondes tous les obstacles furent écartés, et l’union la plus intime couronna mes efforts ; ses yeux humides et à demi fermés, son sein haletant, sa bouche, collée contre la mienne, forcée au silence par la volupté ; nos langues trop occupées pour peindre nos plaisirs ; nous restâmes plusieurs moments dans cette ivresse qu’on sent trop pour pouvoir l’exprimer. Sa dernière période combla mes vœux sans affaiblir nos désirs, et le front orné de myrtes, je ne me reposai point pour courir à une nouvelle victoire.

Mon athlète, charmée de sa défaite et de ma valeur obstinée, se livra avec transport à la nouvelle lutte, qui, moins rapide et plus vivement sentie, nous plongea dans une mer de délices. Remis de notre trouble, nous couvrîmes réciproquement de baisers enflammés tous les charmes dont nous avions joui, et nous convînmes de la réserve la plus sévère devant le monde et les domestiques, et de l’abandon le plus parfait dans les tête-à-tête. Chaque jour me découvrait de nouveaux charmes dans ma conquête, qui, s’attachant de plus en plus par la jouissance,