Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sa commission, quoique je l’eusse entendu dès la première.

— Est-ce vous, charmante Babet, lui dis-je, en jetant ma couverture pour me lever et me rendre aux ordres de sa maîtresse, est-ce vous qui préparez cet excellent chocolat ?

— Oui, monsieur, c’est moi.

— Que je voudrais bien être à sa place, comme je mousserais bien sous vos mains.

— Un abbé, mousser, cela serait plaisant.

— Et très naturel.

— Vous moquez-vous ? comment cela se peut-il ?

— Tu vas le voir, lui dis-je en l’attirant sur mon lit ; suppose que ceci est le manche du moussoir.

— Ah ! comme c’est fait ; mais non, je veux m’en aller, et feignant de vouloir sortir et de détourner la tête, je l’aperçus cependant qui glissait un regard de côté pour mieux détailler cet objet nouveau pour elle.

— On ne me quitte pas ainsi, repris-je en la retenant avec un tel effort qu’elle perdit l’équilibre et tomba de côté sur mon lit, de telle sorte que voulant se retenir, ce fut directement au manche du moussoir qu’elle s’accrocha.

Me trouvant bien du hasard de la chute, je la maintins dans cette attitude.

— Ah ! mon Dieu, que cela est dur ! dit-elle, en s’accoutumant à le considérer, et le touchant avec complaisance ; à quoi cela peut-il servir ?

— À faire ton bonheur et le mien.