Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/41

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— J’en suis certain.

— Si nous en faisions l’épreuve ?

— Volontiers, dîmes-nous ensemble Valbouillant et moi.

Et Babet en alla chercher un qu’on avait apporté tout frais dans la soirée ; je le partageai en plusieurs poignées ; j’armai de la plus menaçante la main de Mme Valbouillant, et découvrant mon post-face :

— Je me livre à vos coups, lui dis-je ; commencez à demi-force et frappez aussi fort que vous voudrez, et vous verrez.

Elle se mit à la besogne, mais la crainte de me blesser amortissait ses coups, au point qu’à peine en sentais-je l’atteinte.

— Plus fort, m’écriai-je, mais elle n’osait.

L’espiègle Babet lui ôtant le sceptre des mains :

— Laissez-moi faire, dit-elle, il me dira bientôt assez.

Et d’un bras vigoureux, m’appliquant plusieurs coups précipités, les esprits se portèrent dans les pays-bas, et je parus bientôt dans l’état le plus superbe. Madame Valbouillant sauta sur ma gloire, la pressa entre ses lèvres caressantes, et d’une langue amoureuse, en chatouillant le contour, me causa un plaisir si vif, que m’éloignant de la correctrice qui s’attacha alors à Valbouillant, je conduisis la dame sur la chaise longue, et, mettant mes pieds sous sa tête et ma bouche sur son temple, je pompai avec ma langue le nectar du plaisir, pendant que sa bouche me sollicitait à la volupté. Nous savour-