Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/42

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âmes quelques minutes les délices de cette attitude, qui nous procura bientôt une émission réciproque du baume précieux, sans lequel la Providence trahie cesserait de voir les espèces se reproduire ; nous le bûmes l’un et l’autre avec une ivresse qu’on ne peut exprimer. Revenus de notre trouble, nous vîmes Valbouillant, sur qui la fustigation avait fait l’effet désiré, soutenant sur ses mains les jumelles de la jeune Babet, qui, les bras autour de son cou, les jambes croisées sur ses reins, perforée par sa vigoureuse allumelle, touchait au moment du bonheur dont nous sortions. Valbouillant sentant le moment où il allait perdre ses forces, la porta dans la même attitude sur le pied du lit, l’y renversa, et presque aussitôt nous jugeâmes par leurs soupirs de la fin de leur sacrifice. Je m’approchai de Babet et lui demandai comment elle se trouvait des lumières que nous lui avions procurées.

— Je végétais, j’existe, me répondit-elle. Adieu tous autres soins, tous autres plaisirs ; je voudrais pouvoir doubler chaque jour la durée du temps et employer chaque minute aux leçons que j’ai reçues.

— Parle-nous franc, lui dit sa marraine, n’avais-tu jamais rien soupçonné qui en approchât ?

— J’avais, depuis un an, senti quelques démangeaisons là ; je le dis à ma tante, pour savoir si me gratter, comme j’avais fait, ne me ferait pas de mal.

— C’est, me répondit-elle, à ton âme que cela en ferait ; si tu continues, tu te damnes sans ressource.