Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/50

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nos plaisirs, s’offrant de le rendre témoin oculaire de notre débauche. Son récit mit en rut le papelard et piqua sa curiosité ; elle l’introduisit dans un cabinet près de la chambre de Valbouillant, dont une porte vitrée laissait libre passage à ses regards avides.

C’était peu de jours après le rétablissement de la santé de nos belles. Pour mieux célébrer la fête, nous nous étions dépouillés de tous ornements superflus ; il faisait chaud, nous étions dans l’état de nos premiers pères dans l’Éden : nos serpents orgueilleux levaient une tête altière, et l’aspect des pommes que nous présentaient nos Èves nous faisaient frémir de désir ; nous essayâmes mille attitudes diverses, et suspendant le dernier terme de la jouissance, nous fixions les désirs : Babet, renversée sur un lit les jambes croisées sur mes reins, se pâmait voluptueusement en serrant dans son antre brûlant le joyeux bourdon que je poussais et retirais avec une agilité qui hâtait pour elle le moment décisif, tandis que Valbouillant faisait avec sa femme, couchée sur le même lit, une épreuve anti-physique dont il redoublait les délices par le chatouillement d’un doigt obligeant à l’orifice du véritable sanctuaire.

Le prélat crevait dans ses panneaux et la jalouse tante de Babet, le tirant par la manche, lui dit :

— Monseigneur, que d’horreurs !

— Que de volupté ! répondit-il.

Nous entendîmes ces exclamations, et la circonstance nous inspirant, nous prîmes de con-