Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traîner chacun dans notre lit, où nous allâmes chercher le repos dont nous avions grand besoin.

Le lendemain, les restaurants, les cordiaux ne nous furent pas épargnés ; cependant le soir, au grand regret de nos belles, accablés de sommeil, nous allâmes chercher le repos que nous désirions, après n’avoir mis en jeu que de froids baisers et quelques mouvements de doigts officieux qui leur paraissaient de bien faibles dédommagements des services plus solides auxquels nous les avions accoutumées.

Le troisième jour, deux courriers arrivant de Rome à nos belles semblaient devoir prolonger le temps de notre repos ; mais Mme Valbouillant, que nous avions initiée aux plaisirs d’arrière-main, nous observa qu’à défaut de la porte cochère on pouvait entrer par le guichet ; nous instruisîmes Babet dans le même art et nous la formâmes à ce précieux genre de volupté ; mais la tante de Babet la voyant plus alerte, plus spirituelle, moins embarrassée, n’en recevant plus de confidences comme celle des démangeaisons, soupçonna en partie la vérité, et comme elle avait l’entrée libre dans la maison, elle se cacha près du lieu de nos orgies. Là, ses yeux et ses oreilles ne lui laissèrent aucun doute. Elle était née Italienne, partant superstitieuse, poltronne et vindicative. Elle n’osait éclater contre Valbouillant, dont elle connaissait les richesses et craignait le crédit ; elle crut qu’elle parviendrait à se venger en s’appuyant du prélat de la ville, auquel elle demanda une audience particulière et qu’elle instruisit de la communauté de