Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/54

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physique et la morale, des dispositions que vous avez à devenir profond dans la théologie, nous croyons qu’il est de notre devoir pastoral de retirer de dessous le boisseau une lumière naissante telle que vous, et de la placer sur le chandelier. Pour vous mettre à même de développer et d’accroître vos talents, je vous offre auprès de moi la place de lecteur ; je me charge de votre sort jusqu’à ce que quelque bénéfice honnête venant à vaquer soit votre récompense. L’éducation du fils de M. Valbouillant peut être confiée à d’autres mains, et ce serait un larcin fait à l’Église que de lui dérober un sujet qui doit faire sa gloire, je ne vous renfermerai pas dans le seul emploi de lecteur ; j’ai fort à cœur un ouvrage auquel je me livre avec un zèle ardent ; vous serez mon collaborateur. Je crois l’offre trop avantageuse pour que vous la refusiez ; vous pourrez toujours continuer vos bons offices à M. et Mme Valbouillant : ce sont des gens estimables dont je chéris les mœurs, et je vous seconderai de tous mes efforts. »

L’offre, en effet, m’était avantageuse ; mais je regrettais de quitter la bonne Valbouillant, la petite Babet, le père de famille même ; ils m’aimaient tant, ils m’avaient procuré des plaisirs si vifs, si variés… J’allai donc leur montrer la lettre, m’en remettant à leur décision pour accepter ou refuser le parti ; ils furent aussi affligés que moi ; mais refuser à l’évêque dans un pays où les prêtres peuvent tout, était trop dangereux ;