Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/83

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route, je mouillai l’ancre dans une mer de délices ; et le saint prélat ayant jeté sa sœur sur l’ottomane voisine, s’aperçut de la double libation que j’avais faite.

— Ah ! ah ! dit-il, ce temple a été souillé par quelque profane ; mais avec ce goupillon, je vais le purifier ; et rentrant dans le parvis après quelques allées et venues dans la nef, il pénétra dans le sanctuaire, qu’il purifia par une ample aspersion de son eau lustrale.

La petite, en ce moment, tourna la prunelle et se raidissant, s’écria :

— Ah ! roi de Pégu, que tu as bien fait de te convertir !

Quel que fût le délire que me causa son ivresse, la prudence l’emporta sur mes transports, et, docile aux préceptes du vénérable prélat, je répandis ma libation sur l’architrave du portique du temple. La mère et l’oncle me félicitèrent de ma sage retraite ; mais Laure m’en paraissant moins satisfaite, je me hâtai de la consoler en me replongeant de nouveau dans l’antre brûlant, qui ne m’avait vu sortir qu’à regret, et je lui procurai une nouvelle émission sans dépense de ma part. L’évêque et sa sœur s’étaient cependant rapprochés de nous, et la dame, baisant le front de sa fille, approchait de mes lèvres une fraise de son sein, que je m’empressai de sucer, pendant que le prélat, d’une main caressante, pressait mon post-face, qu’il socratisait du doigt majeur.

Nous nous remîmes après en état décent, et les ablutions nécessaires finies et les toilettes