Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/82

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— Allons, Hic et Hec, faites vos preuves.

Le baiser que j’avais collé sur la jolie main de la chanoinesse m’avait mis en état de paraître avec gloire. Au mouvement que ma main fit pour mettre en liberté la trompe d’éléphant :

— Quelle indécence ! s’écria la mère.

— Regardez son cachet, répondit l’évêque, c’est une tête d’éléphant.

J’exhibais cependant mes armoiries.

— Comment, dit la signora, je ne m’en étais pas aperçue.

— Ah ! ma sœur, vous avez déjà fourragé dans ce canton ?

Elle rougit en marmottant :

— Que je suis étourdie.

— Eh bien ! considérez plus à votre aise, et vous, ma nièce, vîtes-vous jamais de plus belles armoiries ?

La mère, surprise, convint que cela était merveilleux, et la jeune Laure interdite et d’une voix syncopée par le désir :

— Cela est beau… le superbe écusson…

— Allons, prince, initiez cette vierge ; pendant que vous lui ferez chanter son premier hymne à l’amour, nous battrons la mesure sa mère et moi.

Je renversai ma chanoinesse sur le sofa ; l’évêque dénoua les cordons de son corset et découvrit à mes yeux éblouis deux hémisphères d’albâtre où des veines azurées traçaient le cours de mille rivières serpentantes ; ma bouche en suivit les contours, et en peu de temps parcourut bien du pays. Cependant, de peur de faire fausse