Page:Mirabeau - Hic et Hec, 1968.djvu/94

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« Soit. »

» Il me renversa sur une couche, et d’une main découvrant le terrain qu’il voulait cultiver, de l’autre il découvrit ce merveilleux plantoir. Surprise, j’y portai la main :

« Qu’il est ferme, lui dis-je, il doit entrer bien avant. Mais où est le plan ? »

« Tout, dit-il, est renfermé dans ce plantoir, il perce, il plante, il arrose. »

« Eh bien ! voyons comment tu t’y prends. »

» Je croyais qu’il allait l’enfoncer dans le terreau de la couche ; mais le fripon, profitant de ma position, se précipite dans mes bras, passe mes pieds sous les siens, m’attire à lui, et, rassemblant tous ses efforts, pénètre, en renversant les obstacles, dans le réduit où dormait encore la volupté ; il la réveille, précédée par la douleur. Je fais des efforts pour m’échapper, mais ses bras nerveux les rendent vains. Je reste clouée sur la couche, me résignant à souffrir quoique impatiemment ; mais bientôt la douleur s’affaiblit et disparut par degrés. Cet hôte qui m’avait paru si terrible dès l’abord, devint à mes yeux un commensal dans la société duquel on pouvait se plaire, et je désirais moins sa retraite. Petit à petit, je pris mon mal en patience et je craignis qu’il ne quittât le brûlant séjour dont il faisait alors mes plus chères délices ; mon ivresse s’accrut et ne se calma que par la voluptueuse émission d’un baume qui, soulageant mes blessures, me fit aussi répandre intérieurement les larmes les plus douces. Sa fureur étant calmée, le plantoir sortit dans un état moins menaçant ;