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LE RIDEAU LEVÉ


moment n’existe plus, et nous pouvons faire quelque chose de mieux.

Elle continua de s’habiller. Il me prit par la main, et sortit.

— Ma chère Laure, Rose sera la victime de sa passion et de son tempérament ; rien ne la retient, elle s’y livre avec fureur, sans mesure ni ménagement ; sois assurée qu’elle payera de sa personne cette imprudence, ainsi que le pauvre Vernol, qu’elle a jeté dans le même excès, mais je veux en profiter pour remplir mes desseins.

En effet, inébranlable dans ses réflexions, il fut la trouver dans ma chambre, et j’entendis :

— Rose, ce que vous avez dit à Laure, au sujet de votre frère, sur la fin de votre histoire annonce votre amitié pour l’un et pour l’autre, mais peut-on compter sur la discrétion de Vernol comme sur la vôtre ? Il est nécessaire qu’elle soit des plus grandes, vous devez le concevoir ; songez-y.

— Oh ! ne vous trompez pas sur la confidence que je vous ai faite ; elle n’est pas le fruit de l’indiscrétion, mais la manière dont j’ai agi avec lui m’a fait sentir que si j’eusse été Laurette, vous eussiez été pour moi ce qu’est Vernol. L’obscurité à travers laquelle j’entrevoyais la chose s’est totalement dissipée par la façon dont nous vivons depuis hier ; j’ai jugé que dès lors je pouvais parler sans déguisement, et que vous seriez intéressés à